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Pierre Garcia-Fons

Repères biographiques

Pierre Garcia-Fons est un peintre et sculpteur français d'origine catalane né en 1928 à Badalone (Espagne), il s'est éteind en 2016, à Paris.

Pierre Garcia-Fons a gardé son indépendance artistique toute sa vie : « [Je me décris comme] un peintre de sentiment ».

Son père est un militant de la Confédération Nationale du Travail (CNT) qui rejoint l'armée républicaine en 1936. Après avoir vécu la retraite des forces républicaines et l'exil forcé des populations des territoires vaincus (Retirada) Il part travailler dans un camp de prisonniers situé dans les Alpes jusqu'en 1943, sa femme et ses enfants s'installent à Perpignan en 1938.

Jeunesse : l'exil, la guerre, les débuts

En 1945, sur les conseils de l'artiste andalou Manolo Valiente, ami de captivité de son père (Argelès-sur-Mer), Pierre Garcia-Fons pratique chez lui le modelage de la terre glaise et la sculpture sur bois. Il trouve du travail comme sculpteur de meubles chez un ébéniste. Comme élève de Valiente, il côtoie d'autres peintres comme André Fons-Godail, Balbino Giner, Germain Bonel, Roger Mauréso, Louis Portet, Henri Frère ou le poète Gumersind Gomila.

Il s'inscrit en 1946 au cours du soir de l'école municipale de dessin du quartier saint-Jacques de Perpignan. Il fait ses armes avec le peintre catalan André Fons-Godail. En 1948, il s'installe à son compte comme sculpteur sur bois (quelques bustes et plusieurs nus d'une profonde gravité), en argile et en pierre et il commence à peindre des sujets de « la vie de tous les jours » sous influence alors grandissante du misérabilisme de tous les jeunes peintres de cette époque. Il visite les grands musées de Paris qui rouvrent leurs portes à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Au mois de septembre 1948, Pierre Garcia-Fons présente ses premières sculptures en tant qu'invité à l'exposition d'André Fons-Godail à la salle Arago de Perpignan. La première exposition de ses œuvres a lieu un an plus tard dans le même lieu. Sa période de peinture misérabiliste reflète toute cette ambiance. Le poète Gumersind Gomila signe une critique  : « [...] pas d'humour, pas de joie, et ce qui est le plus étrange, pas même de sérénité ; tout semble dominé par un sentiment d'angoisse indéfini. [...] qui aboutirait à un mysticisme ordonné, profondément ancré dans le réel ».

Eric Forcada, historien de l'art, ajoute : « Davantage que mystique, la peinture du jeune artiste fait le constat brut de la réalité qui l'entoure » et « L'art du peu, une économie d'effets plastiques délibérée [...]. Les tons paraissent comme neutralisés [... Tout] semble exprimer cette impuissance [...] que ressent toute une génération d'artistes après les événements que le siècle vient de vivre [...] et qui devient [...] expression artistique d'une classe sociale. [...] Il s'obstine à témoigner du réel comme le ferait un survivant ». Dans la querelle qui sépare les réalistes et les abstraits, il s'est rangé dans un réalisme empreint du malaise d'une société traumatisée par la barbarie fasciste.

En 1949 il s'installe à Paris , et pour vivre, il travaille comme sculpteur de cadres à l'atelier de Jaume Vidal à Montparnasse. Nombreux sont les artistes catalans et espagnols en exil qui ont choisi cet atelier pour s'y rencontrer. Il y travaillera jusqu'en 1953. Il fréquente régulièrement l'académie de la Grande Chaumière de Paris ainsi que les peintres : Antoni Clavé, Henri Cueco, Oscar Dominguez, Xavier Valls (père de Manuel Valls), Joaquin Peinado, Orlando Pelayo, Emile Grau-Sala, etc.

Il est admis en 1950 au 1er Salon de la Jeune Peinture, avec sa toile Le Bœuf Écorché. Ce salon va jouer un rôle crucial car les meilleurs éléments de la jeune peinture d'après-guerre s'y retrouvent annuellement : Paul Rebeyrolle, Henri Cueco, Guy Bardone, Bernard Buffet, André Minaux, Eduardo Arroyo, René Génis, Weisbush, Gilles Aillaud, Paul Guiramand, Daniel Buren, etc. Pendant plus de 15 ans, il fera partie des organisateurs, puis deviendra membre du jury, enfin vice-président (1956 - 1967). Il démissionne du comité du Salon de la jeune peinture en 1967 et cesse d'y exposer ses toiles.

Il est sélectionné en 1951 pour le prix de la critique.Lors de la 3e édition du salon de la jeune peinture (1952), l'artiste présente la toile L'Apprenti, qui « en bleu [de travail] rapiécé, évoque avec bonheur, le travail ingrat et sans lumière d'une jeunesse à laquelle notre société n'a rien à promettre que la guerre »

Il adhère au Parti communiste français (PCF) en 1953 mais le quittera en 1965. Eric Forcada rapporte : « Malgré les violents débats esthétiques [...], Garcia-Fons n’assujettira jamais sa peinture au politique. Il préfère se reconnaître dans l'apport de ses maîtres » . Et notamment, durant cette période, Paul Cézanne pour « sa rigueur, sa justesse du ton de la lumière ».

En 1956, par concours, il obtient une bourse de voyage décernée par le secrétariat d’état au arts et aux lettres : Grâce à cette aide il peut travailler à l'abri du besoin, lors de son séjour à Uzerche, en Corrèze, avec Henri Cueco notamment. Au retour, il présente une série d’œuvres exposée en 1957 au salon de la jeune peinture (La Tannerie, Les Outils, Les Cuves) : Il montre une évolution de son art vers « un formalisme plus synthétique, une composition structurée plus directe et moins subjective [... et] une utilisation d'une gamme colorée plus vivante ». Il reçoit le prix Antral pour une nature morte marquée par l'influence de Cézanne. Cette période se clôt sur une série d’œuvres consacrées aux conditions de vie des travailleurs en milieu urbain et logés en HLM.

Maturité : les voyages

En 1958, il obtient le prix Fénéon décerné par un jury composé de George Besson, Jules Supervielle, Francis Jourdain, Louis Aragon, Jean Paulhan, Charles Vildrac, et le peintre Jean Fautrier. George Besson, critique d'art, découvre son travail et commence à suivre sa carrière. Au Salon de la jeune peinture se déroulent tous les ans de féroces luttes de tendances où alternent passions esthétiques et opportunisme politique. Eric Forcada dit que « George Besson s'attaque au sein de la gauche à la ligne dure du réalisme socialiste défendue notamment par Louis Aragon pour lui opposer une vision de la réalité moins dogmatique, davantage basée sur l'empirisme personnel qui laisse toute sa place au charnel, en sensuel, à l'intuitif : la peinture s'énonce comme une mise en ordre des sensations par transposition du réel ».

Il se dégage de l'influence de l’œuvre de Cézanne et adopte des aspects du travail de Bonnard. Ses toiles laissent place à une interprétation plus sensible de la réalité. 

Voyage familial en Italie en 1961 qui lui permet de voir les grands vénitiens (Titien, Tintoret et Véronèse) et où il trouve des conditions de création jubilatoire et sensuelle loin des querelles de chapelle et des luttes d'influence des sphères artistiques parisiennes. La confrontation avec les primitifs siennois, de Simone Martini, Masaccio, Piero della Francesca, Giotto, Ghirlandaio, mais aussi Carpaccio, Fra Angelico le font douter de sa démarche Effusion d'un moment de son premier voyage en Italie. Des contradictions se révèlent engendrant les résonances d'abstraction lyrique, toiles de face à face avec la nature dépouillée des Corbières, de la Bretagne (série Océans) ou dans l'obscurité des forêts de Cerdagne. Pierre retraduit son émotion éprouvée par ces paysages naturels dans un style abstraction lyrique. 

En 1964, Pierre Garcia-Fons fait la connaissance du poète catalan Jordi Pere Cerdà (Antoine Cayrol). Ce dernier écrira plusieurs textes et ouvrages sur l’œuvre de Garcia-Fons. En 1965 la famille s'installe à la cité Montmartre-aux-artistes dans un atelier avec appartement dans le 18e. Il obtient en 1967 le prix des Onze dont le président du jury est Marcel Brion .

Son premier voyage en Espagne, terre de ses parents et beaux parents, date de 1968 : C'est la découverte des paysages et des populations des villes et villages. Il visite les musées espagnols, reste impressionné par Le Greco, Vélazquez, Zurbaran, Goya et aussi par l'art roman, très présent en Catalogne. Eric Forcada dit : « Cette quête identitaire correspond à sa rupture consommée avec les expériences de groupe, […]. Cet imaginaire longtemps refoulé, enfin reconquis, change sa trajectoire picturale » .

En 1971, dans son approche artistique, une nouvelle notion du temps pictural va naître. Sa technique va se modifier en conséquence pour « permettre les surprises de l'imaginaire et du désir ».

Pierre Garcia-Fons participe au Salon des peintres témoins de leur temps dont le thème est la vie des choses. Il y présente sa toile Les Trois mannequins qui marque un nouveau tournant dans sa peinture. Comme le souligne Jordi Pere Cerdà, Pierre Garcia-Fons égare le spectateur par le mystère des transparences et des réflexions, le jeu des profondeurs, générateurs d'autres plans et de nouveaux espaces. « Les spectateurs deviendraient alors des acteurs ». Cette phase artistique se termine par la période des murs végétaux.

Pierre et Olga Garcia-Fons achètent l'ancien presbytère de Villeneuve-la-Rivière (Pyrénées Orientales) en 1976, dans lequel il installe son atelier. Le pays catalan et le port de Collioure en particulier sont sources d'inspiration.

Évolution

L'exposition en 1977 à la galerie Guiot de Paris Collioures intemporels, Maisons de verre, préfacée par le poète académicien René de Obaldia, marque un nouveau tournant dans l’œuvre de Pierre Garcia-Fons : « Désormais, le légendaire catalan agit comme un fort stimulant, libérateur de l'imaginaire ».Durant cette période, les toiles voient cohabiter des silhouettes féminines, des escaliers ouverts sur l'espace, des statues féminines arborescentes, des murs de verre-miroirs d'ambiance, etc.

En 1980 à l'exposition du Palais des Rois de Majorque de Perpignan, il  présente de nombreuses œuvres de la série des Maisons de Verre ainsi qu'un ensemble 9 figures, femmes d'un rêve d'Opéra Pétrifié. Il déclare : « Je ne peins plus d'après nature, mais d'après les désirs, les sensations, les idées et les fragments de culture accumulés ». Entre 1980 et 2000, la femme affirme sa centralité dans l’œuvre de Pierre Garcia-Fons et notamment avec la série Les Tableaux contemplés. « la figure de la femme est à la fois distante et désirable, protectrice et sacralisée, inaccessible et mystérieusement bienveillante. Elle agit comme un appel vers l'intériorité du tableau ».

Durant le voyage aux États-Unis en 1988, il découvre les grands espaces encore sauvages et visite de riches musées et collections. Il réalise une exposition à Palm Springs.

En 1993, il effectue de nombreux déplacements en catalogne du sud, à la rencontre de l'art roman de Taüll à la Barcelone gothique, et tout le « pays perdu de l'enfance ». Le poète Jordi Pere Cerdà et le peintre Pierre Garcia-Fons réalisent l'ouvrage Paroles sur un regard, le croisement des transactions mutuelles d'un peintre et d'un poète. Jordi Pere Cerdà voit « dans [sa] peinture une manière d'être au monde, une façon de se sentir suspendu dans la respiration, le désir de parfaire l'instant et la crainte d'en perdre la moindre parcelle ».

1996 : exposition de 180 œuvres de la période de la vie marine, au château de Bellegarde du Perthus . 

Courant 1998, Pierre Garcia-Fons réalise que « progressivement un répertoire s'est dégagé parmi les idées qui se bousculent. Le temps de réalisation d'un tableau freine l'évolution comme si le Faire qui se dilate à l'infini voulait embrasser toute une vie ». Il change de galeriste parisien en passant de la rive droite de Paris à la rive gauche pour rejoindre la galerie Akka.

2002, nouveau mouvement artistique. Les huiles sur papier idées de tableau « surgissent d'un désir soudain, dans un temps limité comme contracté, dans lesquels domine la pulsion ».

Le catalogue de sa rétrospective, à Perpignan ( 1946-2006 ) est l'occasion pour Pierre Garcia-Fons de résumer quelques "écrits en marge de ma pratique picturale" . Il y donne les répercussions des événements et de ses rencontres sur ses envies, ses états d'âmes et sur son art.

Extraits de l'encyclopédie Wikipedia

Principales expositions

 

Salle Arago Perpignan : 1949, 1956, 1957 

Galerie Saint-Placide Paris : 1957

Galerie Art de France Cannes : 1960

Galerie David B. Findlay New York. Musée de Chartres . Galerie Art de France Paris : 1962

Galerie Guiot Paris : 1962, 1970 (40 toiles inspirées par Gruissan, La Baule et Venise), 1977, 1980

Galerie de la Main de Fer Perpignan : 1965, 1968, 1971, 1973, 1975, 1978, 1981, 1983, 1987 

Galerie Framond Paris : 1966

Galerie Doi Umeda Tokyo. Galerie Marigny Paris. Galerie Boissière Paris : 1968

Galerie René Andrieux Toulouse : 1969 

Galerie Mignon-Massart Nantes : 1969, 1972, 1978

Galerie « Au Temps Retrouvé » Grenoble : 1970

Galerie Tamenaga Tokyo : 1971

Galerie Marcos Castillo Caracas : 1972

Galerie Jean Marbach Mulhouse : 1974, 1979

 

Galerie Aktuaryus Strasbourg : 1979

Palais des Rois de Majorque Perpignan : 1980 

Galerie Guiot-Bernheim Paris : 1983

Galerie Paul Vallotton Lausanne : 1984, 1988

Galerie Artfrance Paris : 1986, 1993, 2013

Artfrance - Galerie Danis Stinson Palm Springs Californie : 1988

Galerie Artfrance - La Pléiade Grenoble : 1989, 1993

Palais des congrès et galerie Art Majeur Perpignan : 1993 

Galerie du Chêne Lausanne. Centre d'estudis catalans Paris : 1994

Fort de Bellegarde au Perthus : 1996 

Galerie de l'Olympe Perpignan : 1998 : Il présente les originaux des illustrations des ouvrages de Colette, Hervé Bazin, Mac Orlan, Jean Cayrol, Jordi Pere Cerdà, Albert Camus et les érotiques de Peirre Bataille ; 1999 : La Sant Jordi de Garcia-Fons au printemps et Garcia-Fons : dessins et aquarelles à l'automne ; 2002 ; 2005 

Galerie Akka Paris : 1999

Galerie Odile Oms Céret : 2002

Maison de Catalogne Paris : 2004

L'impératrice à Fort de France : 2005 

Couvent des Minimes Perpignan : 2006, rétrospective Garcia-Fons (1946-2006)

Ouvert du mardi au samedi de 10h30 à 12h30 et de 14h à 19h.