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France

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Gilles Olry

La peinture globale
Gilles Olry dessine. Inlassablement. Avec obstination. Son trait absorbe tant et tant de variations, de singularités, de teintes, de couleurs et d’ingrédients que la surface, au finish, se métamorphose et devient peinture. Une peinture singulière.

 

Gilles Olry est pudique. Il n’aborde pas la peinture de front. Il aime le déséquilibre et l’innocence du trait déjà présent chez lui alors qu’il n’était encore qu’un gosse à Toul. Un trait, une configuration de traits, de lignes, de taches et de griffures. La couleur qui vient souvent à postériori, fait tache d’huile, se répand comme un monde d’innocence.
Innocent, il ne l’est plus. Depuis Toul, il a fait du chemin et le monde qui lui fait face se délite, se fragmente. Mais il garde le sens de l’innocence, de la couleur. De toutes les couleurs. Quand les couleurs émergent sur la toile ou la feuille alors c’est comme une récompense pour Gilles Olry. La cerise sur le gâteau. Un accomplissement pictural et personnel.
Au début, ses modèles pour reprendre le dessin à son compte, en affermir la nécessité en lui, c’est la bande dessinée, les magazines,Charlie mensuel, Métal Hurlant et autres fanzines underground. Puis au fur et à mesure de son parcours, s’y ajoutent la nouvelle figuration, la figuration libre, Bosch, Goya, Picasso, Magritte, les bas-reliefs romans,les films et aussi l’art le plus actuel, le plus pointu. Il est gourmand,friand de tout ce qui est iconographie sur terre. De l’image la plus banale à la plus haute envolée picturale. Du prospectus au dernier numéro d’Artpress.

C’est un pur délice de visiter une exposition avec lui tant son regard s’acharne à desceller en chaque oeuvre en quoi celle-ci relève de la peinture. Face à la toile, il refait mentalement le cheminement tactile du peintre qui l’a produit. Seul dans son atelier, il isole un espace sur la feuille, sur la toile. Il griffonne. Il fragmente le temps de cet espace isolé. Il le fragmente encore et encore à coup de crayons, de feutres, de plumes et d’encre. Il ne préfabrique pas. Il ne se projette pas. Il jouit d’une rature, s’émerveille d’une tache qui alors isole un autre espace sur la surface.
And so on, and so on. Jusqu’au recouvrement quasi-intégral de la surface.Qui a l’oeil alerte, reconnaitra parfois dans un fragment, un détail d’une oeuvre de Philip Guston, de Robert Rauschenberg, de Jasper Johns ou de tout autre peintre avec qui Gilles Olry entretient une relation continue. Une relation de peintre à peintre. Avec, pour toile de fond, ce qui a déjà été peint ou dessiné et ce qui, en lui, doit encore et toujours être peint et dessiné. Nous avons parlé ensemble de Jo Bradley qu’il apprécie pour d’évidentes affinités graphiques et chromatiques. De Richard Aldrich, de son sens de la figuration destituée. De Christopher Wool, iconographe ou iconoclaste selon les heures et les humeurs. Gilles Olry est dans l’exigence d’un continuum pictural. Il n’improvise pas. Il chemine vers ce tout qu’est la globalité du tableau, lentement, tranquillement. Il sait aussi dans quel monde il vit. Quel genre de monde se dissout et s’espace en lui quand il se maintient intègre dans ce continuum pictural. Il sait réagir. Il retranscrit avec pudeur, ironie, acharnement, mélancolie, tendresse et colère. La série des Birds en est
un témoignage vivant, un manifeste.
Je suis venu quelques fois chez lui. Il habite un village des Pyrénées-Orientales. Une rue en pente. Une enfilade de maisons dans laquelle la sienne prend place. Une maison de peintre. Quand on entre, on tombe sur un fourre-tout d’objets chinés, de livres, de catalogues, de magazines et d’ustensiles divers et variés. Cela parait un brin bordélique mais ce n’est qu’une apparence. Ce flot d’objets alimente en permanence ses yeux de peintre. Ses mains aussi.

Au dernier étage, sous les toits,l’atelier. Là, la tonalité diffère du reste de la maison. C’est la peinture qui donne le ton. Le monde fait irruption moins sous forme de thème que de tempo. Gilles Olry a indéniablement un rythme pictural qui lui est propre.
Daniel Van de Velde. Janvier/février 2018

GILLES OLRY

Un agitateur de conscience 

De prime abord une confusion, un moment de flottement, pour qui ne prendrait vraiment le temps, introspectif et nécessaire, à la pleine compréhension de l'univers jubilatoire et résolument moderne de Gilles Olry.

L'artiste est un agitateur de conscience, de ceux qui dans l'ombre et sans bruit nous donnent à voir et surtout à penser, se repositionnant dans le sens véritable de l'art, celui trop rare qui questionne et s'éloigne définitivement du politiquement correct. Gilles Olry met à mal dans une jouissance non feinte les codes normatifs et académiques de la peinture traditionnelle, dépoussiérant les prêts-à-penser de l'histoire de l'art.

L'artiste travaille des compositions primitives et étranges, décalées et complexes. IL fait alors de ses toiles chaotiques des jeux de piste, des pages blanches où désirs, angoisses et humour noir se côtoient dans un maelström transgressif et farfelu. Ses peintures sont labyrinthes et recherches expérimentales.
Dans un réseau dense et complexe fait d'une multitude de signes et de références à décrypter, le spectateur devient alors acteur. Il dessine tout autant qu'il peint, la pratique du dessin permettant une écriture peut-être plus spontanée et impulsive que la peinture ne le permet.

Techniquement le geste est ample et puissant. La couleur vibrante, en tension.
L'artiste entretient un mélange de styles singuliers où  souvent l'abstraction flirte avec la figuration.
L'homme nous parle de l'histoire de l'art et de l'imagerie qui in fine infuse son travail : la noiceur de Goya, l'absurde incisif des Dadas et de Duchamp, la peinture et les mythes eschatologiques de Jérome Bosch.
Parallèlement à cela une culture plus pop, humoristique et alternative l'anime aussi : la bande dessinée, le cinéma et la télévision.
De ce grand melting-pot dense et bigarré naissent des toiles où les thèmes de l'enfance, de la mort où encore d'une sexualité crue et sans fards sont récurrents. Sous un style impulsif, drôle et léger, il orchestre en sourdine un monde cynique et sans concession où se cristallisent les pulsions et les névroses les plus enfouies.

L'artiste brocarde les vices de notre société contemporaine et consumériste.
Il interroge et fustige ce flot incessant d'images qui nous entoure. Il joue sur les apparences et la signification véritable des choses par un nivellement de propos, par un jeu permanent de double sens et de double fond qui se traduit par cette perte de repères et de signification automatique que l'on peut ressentir dans une peinture.
Ainsi l'artiste questionne habilement sur ce qui fait sens. Dans un temps  d'indigestion visuelle, de matraquage d'images et de remplissage permanent la pulsion scopique prend le pas sur une pensée plus mûrie et réflexive. Quel sens véritable et tangible peut alors prendre une image par rapport à une autre ? Quel est le garde fou, la caution morale sur la valeur, l'impact et surtout le sens de l'image ?
Jean Baudrillard parle d'une prolifération excessive de sens, d'une usure de la signification par son excès.
Gilles Olry de façon cathartique sollicite dans sa peinture notre capacité à évaluer la juste valeur des choses. Noble enjeu.


Bérangère Chamboissier - Artension n° 48
 

Gilles Olry

Gilles Olry crayonne, griffonne, gribouille, colle, peint, écrit, invente, mélange, jette de l'encre et des couleurs, passe du coq à l'âne, joue avec les formes, raconte mille histoires sans aucun point commun dans un même tableau, exulte, rit des autres et de lui-même, shadockise ses créatures, érotise des personnages, bref s'amuse comme un petit fou dans un délire jubilatoire et gratifiant. Le résultat en est des œuvres dont on ne sait dire si elles sont expressionnistes, surréalistes, naïves ou bien abstraites. Surprenantes, spontanées, inexplicablement libérées dans leurs contradictions, elles parviennent à une espèce d'émerveillement continuel , dont le processus technique est un renouvellement perpétuellement inventé.

La Dépêche du Midi

Principales expositions

2018 - Galerie Odile Oms, Céret . NoMuseuM Chartrons, Bordeaux.
2015- 2013 Autour de Toulouse Lautrec, Château Malromé . Kills you good, Art Complot galerie, Bordeaux. Solo Show . Dessiner c’est peindre , Contemporary Art Gallery, Bordeaux
2012 New paintings, No Museum gallery, Bordeaux 
2010 Pop/Psyché, Galerie Mourlot, Marseille . Galerie du Teynidor, Collioure. Galerie l’inhumaine, Limoges
2009 Sur les murs, ALTO, Bordeaux .Papiers pleins, GM galerie, Montpellier
2008 – 2005 Galerie La Nouvelle Galerie, Bordeaux.Techniques mixtes, GM galerie, Montpellier . Warm up, Galerie AC/APA/CPP, Bordeaux
Galerie 48, Wermer Redminski, Sarrebrück, Allemagne
2003 – 2005 Galerie 48, Wermer Redminski, Sarrebrück, Allemagne. Galerie La Palette, Toulon. Gallery Rasmus Odense, Copenhague, Danemark
2002 Der Sebastien Heilige, Mannometer, Berlin. Galerie Pro Arte, Toulouse
 

Ouvert du mardi au samedi de 10h30 à 12h30 et de 14h à 19h.