Serge Fauchier (1)
Principales expositions personnelles
- 1973 Galerie du Fleuve -BORDEAUX
- 1976 A.D.D.A MARSEILLE
- 1977 Galerie A16 -PERPIGNAN
- 1984 C.D.A.C.C. Musée Puig - PERPIGNAN
- 1984 Galerie Zographia - BORDEAUX
- 1985 Institut Français - BARCELONE
- 1988 Prieuré de Serrabone - PYRENEES ORIENTALES
- 1988 Galerie Jacques Girard - TOULOUSE
- 1990 Galerie Esca-MILHAUD - NIMES
- 1991 Galerie Jean Fournier - PARIS
- 1991 Musée d'Art Moderne - COLLIOURE
- 1992 FIAC Galerie Jean Fournier - PARIS
- 1995 Galerie Jean Fournier - PARIS
- 1995 Galerie Thérèse Roussel - PERPIGNAN
- 1997 Musée Garret - VESOUL
- 1998 Halle au Poisson - PERPIGNAN
- 2001 « Neuf peintures » Musée d'Art Moderne - CERET
- 2002 Galerie Esca - MILHAUD NIMES
- 2003 Galerie Tonnerre de Brest- SAINT-ETIENNE
- 2004 Galerie AL/MA - MONTPELLIER
- 2004 Fondation du Château de JAU - CASES DE PENE
- 2005 " Sans Titre" C.IA.M de l'Université de TOULOUSE LE MIRAIL
- 2005 Hôtel de Sponeck - MONBELIARD
- 2006 Galerie Jacques Girard - TOULOUSE
- 2007 Galerie ALMA - MONTPELLIER
- 2007 Licence III atelier de création contemporaine - PERPIGNAN
- 2008 La Monestarié- BERNAC près d'ALBI
- 2008 Galerie 16/10 - AVIGNON
- 2008 Galerie Jacques Girard - TOULOUSE
- 2009 Licence III - PERPIGNAN
- 2009 Galerie AL/MA - MONTPELLIER
- 2009 Galerie du Tenydor _ COLLIOURE
- 2010 Galerie Jacques GIRARD - TOULOUSE
- 2011 LICENCE III - PERPIGNAN
- 2011 A cent mètre du centre du monde (ACMCM), PERPIGNAN
- 2013 galerie MGE, PARIS
- 2014 galerie Odile Oms, CERET
Bibliographie
- Jacques Lepage - Opus n°49 1974
- Didier Arnaudet - Axe Sud n°4/5 1982
- Xavier Girard - Art Press n°58 1982
- Claire Stoulig - Fragments Figures une peinture de reconnaissance Art Press n°61 1982
- Christian Limousin - Fauchier Fragment - Pictura Edelweiss n°2 1983
- Lise Ott - Peintres à Suivre - Eighty Magazine n°14 1986
- Philippe Dagen - Serge Fauchier peintre Américain - Art Press n°128 1988
- Skimao - De la Justesse - Artention n°15 1990
- M.L.F. - L'Ascèse du signe unique - Calade 1990
- Philippe Dagen - Serge Fauchier - Le Monde 6/02/95
- Art Press - n°201 1995 Exporama
- Serge Fauchier - notes de travail - Papiers Libres n° 1 Juin 1995
- Jacques Quéralt - Couleur et volupté spatiale - L'Indépendant 15/12/95
- Yves Michaud - « Les marges de la vision » ed. J.Chambon 1996
- Serge Fauchier - « Rouge Champaigne » Papiers Libres n° 8 Mars 1997
- P.L. Cereja « Formes » Le pays - Le Pays 3/10/97
- Jacques Quérallt - « Toutes couleurs dehors » - L'Indépendant 5/6/98
- Jeanne Susplugas - Papiers Libres - Hors série décembre 98
- Philippe Guiguet -Bologne - Serge Fauchier - Entretien « Quelques questions autour de l'art de peindre » D 3 Tanger (Maroc) Mars 99
- Jean-Michel Collet - « L'Indépendant » 10/04/01
- Claude Darras : Fauchier :La palette et la plume - « Le Provençal » ?/ 09/2002
- Bernard Teulon-Nouailles : « L ‘expérience des limites » -L'Art-vues - Avril/ Mai 2002
- Eric Villagordo: "La lumière ou comment travailler de manière moderne..." page 406 à 408 in Acte du colloque " Rythmes et lumières de la Méditerranée" - Université de Perpignan 2002
- Serge Fauchier: "Changer le regard pour changer le monde" -Papiers Libres n°35 - Février 2004
- Bernard Teulon-Nouailles: " Le statut de la Peinture" S.F à la galerie Alma . L'Art-Vues Février /Mars 2004
- Lise Ott : "S.F invente le rouge non-violent" - Midi Libre 17 mars 2004-05-05
- Lise Ott: "L'engagement des artistes" - Papiers Libres n° 36 - Avril/mai/juin 2004
- Bernard Teulon-Nouailles: "Serge Fauchier au Château de Jau"l'Art-Vues - Juin/Juillet
- 2004
- Bernard Teulon-Nouailles: L'Art-Vue Août/Septembre 2004
- Jean-Michel Collet: " Couleur, ligne et surface" L'Indépendant 18 Juillet 2004-09-25
- Catherine Millet : "Serge Fauchier" Art Press n°305 Octobre 2004
- Bernard Teulon Nouailles -L' Art...vues octobre/ novembre 2011
- Voir les parutions récentes sur le site : http://www.sergefauchier.fr/parutions-récentes/
Principales expositions de groupe
- 1974 "4 painters" Pierre Matisse Gallery - NEW-YORK
- 1976 Galerie Jean Fournier - PARIS
- 1978 Impact III Musée d'Art et d'Industrie - SAINT ETIENNE
- 1979 "Pintura de Uei en Occitania" - NIMES
- 1980 "6 Peintres Français Aujourd'hui" Neue Galerie - AIX-LA-CHAPELLE
- 1981 "5 Peintres Français Aujourd'hui" Galerie 121 - ANVERS
- 1982 "Fragments/Figures" C.A.P.C. Entrepôt Lainé -BORDEAUX/MADRID/ BARCELONE
- 1983 "Fragments/Figures" Musée des Beaux- Arts - MONTREAL (CANADA)
- 1986 "Peintres à Suivre"Expositions Itinérante Eighty Magazine - PARIS / PROVINCE
- 1987 "Œuvres Choisies" Galerie Esca - MILHAUD - NIMES
- 1987 "Petit Salon" Galerie Jean Fournier FIAC 87 - PARIS
- 1987 Galerie Jacques Girard - TOULOUSE
- 1988 Galerie Regard - PARIS
- 1990 "Collection pour une région" FRAC Aquitaine, Musée du Périgord - PERIGUEUX
- 1991 FIAC 91 Galerie Jean Fournier - PARIS
- 1991 Foire de Bâle, Galerie Jean Fournier - BALE
- 1992 Salon de Montrouge - PARIS
- 1992 Musée - MONTBELLIARD
- 1992 Maison de Province - ZWOLLE (PAYS BAS)
- 1992 Château de Castelnou - PYRENEES-ORIENTALES
- 1992 "Inventaire" Galerie Esca - MILHAUD - NIMES
- 1994 "Persistance Peinture des années 80"C.A.P.C.Musée d'Art Contemporain BORDEAUX
- 1994 "Vert Printemps" Galerie Jean Fournier - PARIS
- 1995 "Papel Papel" Galerie Jean Fournier - PARIS
- 1996 Librairie-Galerie La Hune Présentation du livre de Yves Michaud « Les marges de la vision » PARIS
- 1996 « Midi Pile » Salon de Montrouge - PARIS
- 1996 Hommage à Kimber SMITH Galerie Jean Fournier - PARIS
- 1997 Proposition I - Carré Sainte Anne - MONTPELLIER
- 1997 Fondation du Château de JAU
- 1997 Musée de CERET : " Yves MICHAUD, 25 ans de collection d'Art Contemporain"
- 1998 Institut Français « Aux sources Florentines » FLORENCE
- 1999 Institut Français - Galerie Delacroix - TANGER (Maroc)
- 2001 L'Ornithorynque Onirique - Hôtel Siré - PERPIGNAN
- 2001 Galerie Jean Fournier - PARIS
- 2004 Espace d'Art Contemporain Gustave Fayet - SERIGNAN
- 2005 « Le Bonheur des peintres »Hommage à H.Matisse. Musée - COLLIOURE
- 2006 Le Ring
Jean Fournier Un choix d'œuvres sur papier - 2007 « La couleur toujours recommencée »Hommage à Jean Fournier . Musée Fabre MONTPELLIER
- 2007 Galerie Jacques Girard - TOULOUSE
- 2007 Autour d'un livre objet 1980-2005 ,œuvres croisées -Médiathèque-PERPIGNAN
- 2009 « Toréador » - VAUVERT
- 2012 "Mes Moires" au Mirail, TOULOUSE
- 2012 " le Geste et la Couleur " Ecole d’Art de Belfort - BELFORT
- (commissaire de l'exposition Philippe Cyroulnik)
Livres
- nouvelle parution: ... ET AUTRES TEXTES
- AIRS, AJOURS, ABSENCES
- SERGE FAUCHIER Editions Trabucaïre octobre 2011
- MURMERE
- Serge Fauchier et Christian Limousin Collection ECBOLADE 1976
- PETITE ARCHEOLOGIE SENSIBLE DU ROUGE
- Serge Fauchier et Christian Limousin éditions TRABUCAÏRE 1995
- ECRITS PASSAGERS Serge Fauchier éditions TRABUCAÏRE 1998
- AU REVERS DE LA COULEUR Serge Fauchier suivi de - La nudité et l'éclat - de Pierre Manuel
- collection le Affinités le 19 CRAC MONTBELIARD
- SERGE FAUCHIER
- textes de Christian Limousin" Car c'est aux failles que suinte la couleur en gestes de souveraineté"
- et James Sacré "Entre peinture et poème l'éclairage vient peut-être de l'écart "
- Les exemplaires numérotés de I à XXX* signés par l'artiste et les auteurs* incluent une œuvre originale de l'artiste*,
- les exemplaires numérotés de 31 à 60 sont signés par l'artiste et les auteurs. Editions MERIDIANES 2007
- SERGE FAUCHIER & MICHEL BUTOR "En Coulisse"
- Editions " L'instant perpétuel "
Catalogues
- 4 Painters Pierre Matisse Gallery New - York 1974
- 6 Peintres Français Aujourd'hui Neue Galerie Aix la Chapelle 1980
- Fragments/Figures C.A.P.C. Bordeaux 1980
- Fragments/Figures Caja de Pensiones Madrid 1982
- C.D.A.C.C. préface de Jacques Quéralt Perpignan 1984
- « Le tableau est un piège pour le regard » Perpignan 1984
- Institut Français préface de Jacques Quéralt et Claude Massé Barcelone 1984
- Galerie Jacques Girard, textes Serge Fauchier Toulouse 1988
- Prieuré de Serrabone, texte de Serge Fauchier 1988
- Serge Fauchier texte de Jean Reynal Festival d'Estavar 1990
- Yves Michaud Absorbtion Galerie Jean Fournier 1991
- .Musée d'Art Moderne de Collioure, textes de Yves Michaud, Jean-Patrick Maslier, Skimao 1991
- Salon de Montrouge Paris 1992
- Dation Pierre Matisse Centre Georges Pompidou Paris 1992
- Musée d'Art Contemporain de Céret Catalogue de la collection 1993
- Serge Fauchier "Garder le silence c'est peindre" édition Galerie Jean Fournier 1995
- Mostra de Cultura Rossellonesa Palma de Majorque 1986
- « Midi Pile » Salon de Montrouge 1996
- Musée de Vesoul Serge Fauchier -notes de travail - 1997
- C.R.A.C Montbéliard L’été du 19, texte de Philippe Cyroulnik - 1997
- Proposition I - Entretien Pierre Manuel- Serge Fauchier - Montpellier 1998
- « Aux sources Florentines » préface de Robert Lafont - Institut Français de Florence 1998
- Serge Fauchier / Château de Jau été 2004 textes d'Yves Michaud et de Grégoire Müller – Cases de Pène 2004
- "… d'un monde dont le sens reste à venir." Entretien Serge Fauchier /Pierre Manuel C.I.A.M – Université de Toulouse Le Mirail
- « Le bonheur des peintres » préface d’Yves Michaud
- Le Ring
texte de Pierre Wat -catalogue 2006 et - Conférence d’Yves Michaud « Jean Fournier et les peintres »
- Pierre Manuel : Les entretiens d’Al/Ma cahier n°1 éditions Meridianes 2007
- Frédéric Valabrègue " Les Antinomies" Catalogue Serge Fauchier " Perpignan 2011
- Eric Villagordo "L’artiste en action " édition l’Harmattan "2012
- Jacques Lahousse "10 peintres en Roussillon" Traces tangibles édition Alter Ego
Publications
- MURMERE
- Serge Fauchier et Christian Limousin Collection ECBOLADE 1976
- PETITE ARCHEOLOGIE SENSIBLE DU ROUGE
- Serge Fauchier et Christian Limousin éditions TRABUCAÏRE 1995
- Serge Fauchier - notes de travail - Papiers Libres n° 1 Juin 1995
- Serge Fauchier - « Rouge Champaigne » Papiers Libres n° 8 Mars 1997
- ECRITS PASSAGERS Serge Fauchier éditions TRABUCAÏRE 1998
- Serge Fauchier: "Changer le regard pour changer le monde" –Papiers Libres n°35 - Février 2004
- AU REVERS DES COULEURS collection « Les Affinités » éditions Le 19 CRAC Montbéliard (janvier 2006)
- SERGE FAUCHIER ,Christian Limousin : "Car c'est aux failles que suinte la couleur en geste de souveraineté"
- …Et autres textes Air,ajours,absences Serge FAUCHIERéditions Trabucaire octobre 2011
- Serge FAUCHIER Michel BUTOR "En coulisse" éditions l'Instant Perpétuel 2012
- SERGE FAUCHIER
- Serge Fauchier, Christian Limousin, James Sacré
- éditions MERIDIANES 2007
- James SACRE " Entre peinture et poème l'éclairage vient peut-être de l'écart" éditions Meridianes 2007
- USAGES et ELOGES souvent peintres et poètes .
- collectif sous la direction de James Sacré. Editions TARABUSTE 2013
- COULEURS de TRAKL Serge FAUCHIER VOIX éditions (Richard (Meier)
- Serge FAUCHIER "Préhistoire l'Art invisible" dans Faire Part ,revue littéraire n° 32/33 2013
Extrait de « Traité de peinture »
« J’ai fait des gestes blancs parmi les solitudes »
Guillaume Appolinaire
Je ne fais que dessiner les blancs ; toutes mes entreprises concourent
à cette fin : les faire paraître.
Je mets de la couleur afin qu’elle me permette de préciser et dessiner
leurs contours, bref, qu’elle les réalise.
Les blancs sont des absences qui s’emplissent, ils aident à redéfinir et
retendre les fils qui permettront la redéfinition d’une carte du ciel.
Les blancs sont tout ce que nous ne regardons pas, d’oubli ou de retenue.
Ils sont tels ces temps vides, d’absence ou de suspension, auxquels aucune
attention distincte n’est portée, et qui néanmoins, à notre insu, influent
le cours des choses vécues.
Les blancs sont les réceptacles et réservoirs des non-dits, de la multitude
des moments éludés, à la fois dérisoires et trop suspects pour être
considérés, seulement vagues si pris sous l’angle de vue commun, ou
à l’inverse porteurs de parts obscures.
Donner forme à l’absence, est-ce encore l’entretenir ?
Novembre 2013 - S. Fauchier
Extrait de " Passages à l'acte "
Chaque période de mon travail se signale par un mode, une forme découlant d’un protocole de travail. Celui-ci se découvre à la suite d’une ou plusieurs expérimentations qui conduisent à sa définition. Son caractère minimaliste, une de ses conditions primordiale, est d’ouvrir un champ de traitements le plus vaste possible, ne pas restreindre ni brider l’exercice pictural, enfin autoriser le maximum d’enchaînements possibles aux couleurs.
Chacune de ces périodes privilégie un geste qui correspond aussi bien au tracé qu’il enchaîne qu’à la façon conséquente d’appréhender la surface des supports. Depuis ses débuts mon travail est porté par une succession de quelques gestes précis qui font parfois retours, modifiés et réinterprétés.
Si je pense que je suis un peintre d’après la peinture, cela peut s’entendre de deux manières dépendantes l’une de l’autre, qui se croisent et s’échangent : La première est que je suis arrivé alors que sa fin était déjà prononcée, même si cela ne m’a pas empêché de continuer à la produire dans des conditions qui devenaient, et restent encore, à réinventer. La deuxième est que je peins d’après la peinture, d’après ce que la connaissance que j’ai d’elle m’enjoint de faire, sachant que cette connaissance s’est établie dans des formes et tournures qui prennent activement en compte cette annonce d’achèvement.
Il ne faut pas croire que mon attitude soit d’obstination à vouloir ainsi poursuivre ce qui serait obsolète pour ne plus entrer en concordance avec l’époque. Si je persiste c’est que la peinture, à demeurer, se trouve dans l’obligation de trouver ses sujets qui, regards aux exigences du temps, n’ont plus rien de commun avec ceux de son passé.
La peinture, aux tournants des ses pratiques, vient maintenant questionner ses formes, l’alternance de ses accès à la visibilité et de ses disparitions, interrogeant les stances de ses formations et de ses perceptions pour croiser et anticiper, comme par écho, les pensées nouvelles susceptibles de modifier les us et comportements humains.
Serge Fauchier
Nouvelles notes de travail - Extrait
A considérer l’ensemble de mes peintures, l’alternance entre éparpillement et rassemblement apparaît d’importance ; des moments de densification succèdent à des périodes où la place et la capacité d’expansion sont laissées au blanc.
Depuis 40 ans, je me rassemble ou m’éparpille en incluant les blancs que je fais paraître. L’espace engendré par mon travail fait preuve d’une constance telle que son évidence renforce mon sentiment de ne pouvoir échapper à ce qu’il développe, et ce malgré mes soucis d’avancée et de déplacement.
Ainsi donc, je ne m’échapperai pas !
A placer côte à côte une peinture de 1974 et celle que j’aurai faite aujourd’hui, je retrouve les mêmes qualités de couleur et d’espace, même si je me souviens que des intérêts différents ont pu les motiver. C’est comme si un développement intrinsèque avait persisté et continue de le faire à ce jour, se gaussant de toutes mes focalisations et de mes décisions aux velléités sans lendemains.
Mes peintures sont toutes découpées au fil du pinceau sans plus de matière que ne l’exige la couleur pour se former.
Elles se jouent de la réversion entre positif et négatif, blanc et couleurs, peint et non-peint.
Mes peintures se constituent en périodes alternées de dispersion et de rassemblement, succédant ordre et désordre, rangement et chaos.
Ce que propose la peinture est une vue sur l’invisible, l’invisible étant dans ce cas ce qui n’est pas regardé.
Cela laisse entendre que plusieurs types de perception s’opposent ; d’une part une perception courante, tant venue de l’éducation que sociétale, et une autre, plus souterraine, qui serait la vision réelle en son temps. L’homme se transformant au gré des époques, changeant au gré des techniques ses approches du monde, modifie de même ses modes perceptifs.
Cette perception n’est pas empêchée, mais elle est chargée de suspicion, car ses venues et exercice mettent en cause l’édifice des visions convenues sur laquelle s’instaurent les pouvoirs.
La vision actuelle repose à la fois sur les modes institués, dont il est difficile de se départir, et sur la différence que fait valoir celle qui s’en détache, en jouant de l’inversion des signes et d’attentions nouvelles portées à ce qui, faute d’attention ou de compréhension, demeuraient dans l’invisible.
La peinture s’attache à susciter cette perception du monde et des choses avec une conscience de son temps qui la garde de tout statisme, car ce qui importe est de ne pas fixer le regard mais plutôt de le déplacer alternativement de positif au négatif, du vide au plein, de l’ordre au désordre et le rendre ainsi inquiet et disposé à la mouvance.
L’invisible est ce que nous ne voyons pas parce que nous ne le regardons pas. Cette absence de considération est due à notre incapacité soit à percevoir, ou seulement porter attention à ce qui se trouve pourtant à proximité.
Il faut qu’à un moment les formes longtemps usitées viennent à se percuter, que le désordre revienne pour appeler à nouveau la part d’invisible. C’est en cela qu’aucune forme, aussi efficace qu’elle soit, n’est pérenne. Il faut que çà baille à nouveau, que les espacements ne soient plus aussi sûrs et que les couleurs s’avilissent. Certains tableaux échappent toujours à la clôture, comme s’ils résumaient à eux seuls, à leur seule ouverture l’exigence du doute qui génère toute peinture.
Des livres, tels Ulysse, Finnegans Wake, encore Moby Dick, lus et cent fois recommencés, réservent aussi une part d’ombre en continu qui ne les fera jamais définitivement refermer.
Il est parfois des moments, des périodes, où je me rassemble, me condense autour d’une forme que je vais, un certain temps, accompagner ; à d’autres, je me sépare, me fragmente, répartissant des éléments de travail en des lieux séparés, que je rappellerai au moment venu. Je les ferai revenir porteurs d’un supplément : l’épaisseur du temps de leur éloignement fondue à celle des nouveaux intervalles parus.
S.Fauchier
Intervalles
Intervalles, l’en vie dans l’entre,
Ou tremblantes trajectoires de l’échappée
Les intervalles (passages d’un mouvement à un autre), et nullement les mouvements eux-mêmes, constituent le matériau (éléments de l’art du mouvement). Ce sont eux (les intervalles) qui entraînent l’action vers le mouvement cinétique. L’organisation du mouvement, c’est l’organisation de ses éléments, c’est à dire des intervalles, dans la phrase. On distingue dans chaque phrase la montée, le point culminant et la chute du mouvement (qui se manifestent à tel ou tel degré). Une œuvre est faite de phrases de même qu’une phrase l’est d’intervalles du mouvement.
Dziga Vertov
Articles, journaux, projets p. 18
Peindre pour découvrir les intervalles entre les couleurs.
Découvrir ne sous-entend pas que ces espacements fussent déjà là, comme dans l’attente de leur à mise jour, mais plutôt qu’au suivi de chaque tracé coloré et dans l’effectuation des suivants, des espaces de réserve aux épaisseurs variables s’interposent et se découvrent nécessaires à la tenue visuelle de l’ensemble dans ses rapports et densité choisis.
Les intervalles sont susceptibles de se modifier au gré des passages et des choix de superpositions ; ils peuvent réduire mais jamais augmenter.Etroits, ils sont tels les sillages d’un passage de lame dans la couleur.
Ils sont des crevés dans les champs colorés, semblables aux fentes dans les tissus qui découvraient les doublures aux manches des pourpoints du 16°siècle. Plus larges, leur couleur peut devenir, en poids visuel, égale à celles qu’ils écartent.
Toute la peinture advient à ces intervalles ; si sa couleur ne suffit plus, elle trouve sa complétude à ces réserves, ces écarts qu’elle produit et révèle à l’oubli de sa norme.
Les intervalles sont aussi ces temps sans consistance, traversés et considérés vides parce que d’apparence dénués de teneur, sans rien pour les occuper. Pourtant, à les additionner, leur durée dans une journée, dans une vie, serait des plus surprenante.
Espaces d’abandon, d’absence à soi, blancs, leur importance est négligée, à tort, car leur considération modifierait sensiblement l’appréhension du temps avec des effets conséquents sur les rythmes de vie.
La considération des blancs empreint aussi pouvoirs et savoirs de relativité.
Et puis, dans la suite et au même titre, citer les blancs à la mémoire, et aussi tout ce qui par ignorance se trouve soustrait à la vision.
Peindre c’est découvrir une présence aux blancs, les assurer d’importance.
(Je précise bien que je traite ici des blancs et non pas du blanc ou de la couleur blanche).
Mais les blancs, que sont-ils aujourd’hui ?
Ils ne deviennent qu’aux conditions de l’intervalle, placés entre deux (in)visibilités.
Les blancs sont un jet de dés, tout ce que je ne sais pas et sais ne pas connaître, tout ce qui se refuse à la fermeture ; les blancs sont d’ouverture et, à demeurer, sa garantie de pérennité.
Les blancs sont aussi le réel de la peinture. Les couleurs les rendent sensibles.
Les blancs c’est aussi le contemporain.
Les écarts ménagent des intervalles entre les tracés ou les formes ; à leur augmentation ou à leur rétraction et suivant leur densité, ils deviennent couleur et lumière pour prendre une consistance qui les rendra aussi présents que ce qu’ils séparent et simultanément relient.
Qu’est-ce qui est en parcourt dans les intervalles ? Des courants, des flux en traversée qui empruntent leurs canaux pour les distendre ou les augmenter et les rendre en poids ou en fluidité.
L’intervalle entre deux mots est autant celui qui les relie que celui qui les sépare.
Le sens porté par le mot : le mot contextualisé, mais aussi sa place dans la page et son degré d’écart avec celui qui précède ou qui suit pour une prise en compte des blancs, du silence et de l’attente.
Je peins pour mettre à jour des intervalles, pour montrer peint ce que je ne peins pas.
Intervalles ? Des temps aux durées sensibles entre les événements (silences comme dans la musique de Cage ou de Boulez ou autres musiciens contemporains, appuyés pour se donner avec toute leur teneur).
Intervalles séparant les platanes en bordure des chaussées, au défilement latéral et plus ou moins prompt suivant la vitesse, mais aussi ceux des peupleraies à égale valeur des arbres qu’ils séparent.
Il faut emplir les intervalles pour les habiter, se déplacer ainsi sensiblement pour changer de point de vue et apprendre à regarder et voir différemment.
C’est bien ainsi que l’on peint, entre l’Amour fou et la dés espérance la plus totale, tout en demeurant dans l’espace infime qui les sépare.
Le sujet, car la peinture porte et se constitue d’un sujet ; ce sujet-là ne peut être circonscrit avec précision, parce qu’il est en perpétuel devenir, ainsi qu’il le fut toujours, et toute pratique, dans le mouvement même de son effectuation, pose la question de ses modes de surgissement et d’apparition, celle de ses raisons en somme.
Mais que sont les « choses » ?
Celles que l’on ne nomme pas.
Je ne veux rien cacher en peinture, je ne me réfugie pas derrière les couleurs, je me trouve dans les intervalles, aux blancs qu’elle découvre.
S. Fauchier