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France

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Nicolas Cussac (1)

CUISINE SACREE

Les vieilles images que princes et prélats commandaient à leurs artistes, on a plaisir à les retrouver, discrets fantômes familiers, dans la peinture toute contemporaine de Nicolas Cussac, dépourvues de leur signification première, simples exercices d'admiration, ou sources d'inspiration, fond commun où chacun puise à son gré pour stimuler, et, comme son maître André Torreilles, pour s'inscrire dans une lignée, pour affirmer une continuité, sans oublier pour autant de prendre ses distances, de marquer son territoire, de parler le langage de notre époque.
Huit grandes toiles, donc, pour dire l'aujourd'hui, le réel, le sensible, le saignant, la couleur des saisons, le goût des fruits et le désir des chairs, l'immuable et le mouvant, avec en prime, humeur et humour confondus, le souvenir d'un vocabulaire perdu.
Dans la cuisine, temple des métamorphoses, le plus souvent près de l'évier, ce confessionnal, Nicolas Cussac dispose les figures des représentations sacrées profanées par la banalité quotidienne. Une belle endormie au milieu de pommes sur l'autel domestique semble répondre à une autre, les yeux au ciel et les mains sur le lavabo des purifications. A la table semée d'oranges de Noël, un couple égrène des petits pois. Ailleurs un plombier naît du placard aux canalisations, une mystérieuse révélation prend à rebours un fidèle, les âges de l'enfance aboutissent à un adolescent aux pieds sales. Sur la nappe à carreaux une vieille femme remplit les cases de son jeu, un calmar étripé attend la cuisson sur l'évier taché d'encre. Un chien en plâtre peint veille sur ce monde plan plan, souvent cocasse, où les récurrents ustensiles du nettoyage le disputent à la menace du temps qui use, qui dégrade, qui encrasse, qui rend à la poussière volant, scintillant dans la pénombre ce qui naquit, dit-on, de la poussière.
Or, dans cette série de vues en plongée, on est moins arrêté par le sujet que par son cadre. Les fenêtres d'abord qui donnent la lumière sans rien montrer de l'extérieur. Le mobilier ensuite marqué par l'usure du temps

Roger Payrot

Peintre d’intérieur

La maison familiale est mon cadre de vie et le décor de mes toiles. Du lavabo de la salle de bains je suis passé dans l’entrée avec le piano, puis au petit salon et son divan, à la cuisine. J’ai une préférence pour les lieux où il y a de l’eau, je m’y poste comme ces chasseurs d’Afrique qui se tiennent à l’affût près des points d’eau. J’aime le blanc de l’émail, les chromes des robinets, un peu comme les peintres pompiers bataillant avec les cuirasses de guerriers. J’aime aussi les liens entre cuisine et peinture, notamment les jeux de matières, le liquide, le crémeux, le pâteux, les glaçages... Ça me fait penser à Géricault, qu’on surnommait « le pâtissier de Rubens ».
L’exploration de la maison a quelque chose de romanesque, avec une lente maturation. C’est un voyage en intérieur qui est aussi un voyage intérieur. Sans tomber dans le huis clos. J’ai des visiteurs qui, entrant dans la maison, s'introduisent dans le cadre, deviennent des personnages des histoires que je me raconte et que je peins.

Notes de Nicolas Cussac

Open Tuesday to Saturday from 10:30 am to 12:30 pm and from 2 pm to 7 pm.